Le Martinet ramoneur

Le Martinet ramoneur (Chaetura pelagica) est un petit oiseau noirâtre ressemblant à une hirondelle. Il se distingue de cette dernière par sa courte queue et ses ailes arquées à la manière d’un boomerang. Le martinet passe la majeure partie de son temps en vol, pourchassant les insectes dont il se nourrit. Il ne se perche jamais sur une branche ou un fil – pas plus qu’il ne se pose au sol – puisque ses petites pattes lui permettent uniquement de s’agripper à des surfaces verticales rugueuses telles que l’intérieur d’une cheminée.

Au Québec, le Martinet ramoneur niche au sud du 49e parallèle. Dès le mois de mai, il s’installe dans les villes et les villages, là où les sites de nidification et les dortoirs sont disponibles. Au mois d’août, une fois la saison de reproduction terminée, le martinet amorce sa migration vers ses aires d’hivernage en Amérique du Sud. 

Le Martinet ramoneur est maintenant désigné menacé. Selon le Relevé des oiseaux nicheurs, entre 1970 et 2021, la population canadienne du Martinet ramoneur a chuté de 88 %. Au Québec, il ne resterait guère plus que quelques milliers de couples nicheurs. 

Martinet ramoneur
Martinet ramoneur en vol, © Michael Veltri
Martinet ramoneur - section 2

Un petit ramoneur dans la cheminée

Avant l’arrivée des Européens, le martinet utilisait les cavités des gros arbres morts ou moribonds comme sites de nidification et de repos. Or, ces sites naturels se sont raréfiés avec le déboisement et la disparition des forêts matures. Progressivement, le martinet a adopté les cheminées de maçonnerie des résidences ou des gros édifices (p. ex. écoles, églises, couvents, usines), d’où son nom de « ramoneur ». Aujourd’hui, l’espèce utilise presque exclusivement les cheminées de maçonnerie pour se reposer et construire son nid. 

Les cheminées convenant au Martinet ramoneur ont pour la plupart été construites avant 1960. Pour qu’une cheminée soit propice au martinet, elle doit être accessible (exempte de grillage, capuchon ou chapeau), être composée de matériaux rugueux (brique, pierre, béton), et posséder les bonnes dimensions. Le martinet doit pouvoir ouvrir ses ailes à l’intérieur de la cheminée et être en mesure de voler. Ainsi, la taille minimale du conduit intérieur d’une cheminée doit être de plus de 28,5 cm (diamètre ou diagonale intérieure). 

Les cheminées de maçonnerie peuvent être utilisées comme site de nidification (nichoir) ou comme site de repos (dortoir). 

Cohabiter avec le Martinet ramoneur

Certaines personnes craignent à tort que la présence d’un nid de Martinet ramoneur dans leur cheminée puisse obstruer celle-ci ou accroître les risques d’incendie. Or, la cheminée ne sera utilisée que par un seul couple qui ne construira qu’un très petit nid, de la grosseur d’un quart de pamplemousse. Le nid du martinet ne représente qu’une proportion minime de l’ouverture disponible de la cheminée, et il se décolle souvent de la paroi de la cheminée dans les mois qui suivent la fin de la nidification. Ainsi, la nidification du martinet dans une cheminée ne présente aucun risque d’incendie ou de dommage à la structure, ni aucun danger pour la santé humaine.

Vérifiez si votre cheminée est propice à l’utilisation par le Martinet ramoneur, et apprenez à connaître les précautions à prendre si vous devez procéder à des travaux sur la cheminée ou la ramoner en téléchargeant notre outil d'aide à la décision. 

Outil d’aide à la décision pour les propriétaires de cheminées

Martinet ramoneur - section 3
© Bruce Di Labio

Protéger le Martinet ramoneur

Les nouvelles technologies et le passage du chauffage à l'électricité ont modifié les façons de construire les cheminées au détriment des besoins du martinet. Par ailleurs, les cheminées construites avant 1960 sont aujourd’hui, pour la plupart, détériorées. Elles sont alors souvent détruites, rénovées ou modifiées d’une manière qui les rend inutilisables par le martinet. 24 % de tous les sites connus et utilisés par l’espèce au Québec ont en effet été détruits ou fermés au cours des dernières années. 

Voici donc quelques conseils simples afin de participer à la protection du martinet :

  • Maintenez votre cheminée accessible pour le Martinet ramoneur en évitant de poser un chapeau ou un grillage (pare-étincelles);
  • Évitez de poser une gaine métallique à l’intérieur de la cheminée. Lorsque l’installation d’une gaine est nécessaire, optez pour une gaine en argile plutôt qu’en métal. Les gaines métalliques intérieures empêchent les martinets de s’accrocher à la paroi et risquent même de les emprisonner à l’intérieur de celles-ci. Si une gaine métallique est installée, il est important de bloquer l’ouverture de la cheminée par un grillage afin d’empêcher les martinets d’entrer et de rester coincés;
  • Effectuez le ramonage, ou tous travaux sur la cheminée ou la toiture, entre le 1er septembre et le 1er mai, période où les martinets sont absents;
  • Conservez les gros arbres creux, morts ou moribonds de plus de 50 cm de diamètre, qui peuvent également servir de sites de nidification;
  • Limitez l’utilisation d’insecticides qui réduisent l'abondance et modifient la composition des proies de cet insectivore aérien. 

Si vous apercevez un martinet entrant ou sortant d’une cheminée, transmettez l’information au programme de suivi des populations d’oiseaux en périls (SOS-POP)

Martinet ramoneur - section 5

Nos actions de conservation

Au fil des ans, QuébecOiseaux a développé une solide expertise pour la protection de l’habitat du Martinet ramoneur et est maintenant considéré comme un chef de file dans ce domaine. Depuis 2009, nos équipes de biologistes et de bénévoles sont intervenues auprès de différentes clientèles cibles (propriétaires et gestionnaires de bâtiments, ramoneurs, municipalités, grand public, etc.) et ont réalisé de nombreux projets en lien avec l’espèce, notamment des campagnes d’inventaires à travers le Québec. 

Nous avons aussi produit de nombreux outils de référence qui sont partagés aux organismes travaillant sur le Martinet ramoneur, ainsi que créé un programme de formation de bénévoles pour intervenir auprès des propriétaires de cheminées utilisées par le martinet.  

QuébecOiseaux est également gestionnaire de la base de données sur les populations d’oiseaux en péril (SOS-POP), incluant tous les sites de nidification et dortoirs connus pour le Martinet ramoneur au Québec.

 

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