Par Camille Dufresne

 

L’installation de nichoirs est une activité des plus populaires auprès des ornithologues. Animés des meilleures intentions, la plupart des gens ignorent toutefois que les oiseaux possèdent des exigences de nidification particulières.

Aujourd’hui, on sait que plus d’une trentaine d’espèces peuvent élire domicile dans un nichoir artificiel dans la mesure où celui-ci répond à leurs exigences et leur assure un environnement sécuritaire. Même en milieu urbain ou périurbain, plusieurs de ces espèces peuvent nicher dans notre cour.

 

Favoriser la nidification
Hirondelle bicolore, © Renée Roy-Baillargeon

Les nichoirs, comment les choisir?

En premier lieu, il faut mettre en lumière les caractéristiques de votre jardin. Chez les oiseaux, le choix d’un site de nidification est très important et dépend notamment de l’accès à des sources de nourriture qui leur conviennent. Une zone agricole, des terres en friche, une forêt ou encore un jardin urbain n’attireront pas les mêmes espèces.

Il faut ensuite déterminer le type de nichoirs et les endroits les plus propices. Les dimensions, le modèle et la hauteur d’installation du nichoir détermineront en grande partie les espèces d’oiseaux qui pourraient les utiliser.

On peut facilement se procurer sur le marché de nombreux modèles de nichoirs prêts à être installés dans sa cour. Même si certains sont très esthétiques, il faut vérifier les dimensions de même que la qualité des matériaux et de la construction avant de procéder à un achat. Tout bon bricoleur peut aussi construire ses nichoirs. Des plans pour toutes les espèces sont proposés dans les ouvrages de référence ou sur les sites web d’organismes reconnus pour leur implication auprès de la faune ailée.

Les modèles selon les espèces

Le Merle d’Amérique et le Moucherolle phébi utilisent le même type de nichoir, une structure simple, facile à réaliser. Il s’agit de construire une plate-forme avec un toit et des côtés et de la fixer à une corniche, à un bâtiment ou dans un arbre. Les deux espèces pourront y installer leur nid, composé de matières végétales auxquelles elles ajouteront de la boue et parfois des bouts de papier ou de la ficelle.

L’Hirondelle bicolore s’installe dans les nichoirs situés dans un espace ouvert, sans végétation arbustive à proximité et de préférence en bordure de la rivière. Un voisinage urbanisé ne la dérange pas.

La Mésange à tête noire préfère l’orée des forêts matures. La présence de conifères dans l’environnement immédiat est un atout. Elle utilise même alors un nichoir situé en milieu périurbain. Il semble que l’ajout de copeaux de bois ou de matériaux apparentés dans le nichoir peut être un incitatif à la nidification.

Le Troglodyte familier fréquente les parcs ou les sites urbanisés avec une végétation arbustive ou une petite forêt isolée. Il a l’habitude d’accaparer plusieurs nichoirs et de les remplir de matériaux afin que la femelle choisisse celui qui lui convient le mieux. Il est suggéré alors d’espacer les nichoirs d’au moins 100 m pour l’éloigner des autres espèces ou au contraire de placer des groupes de deux nichoirs ou plus à l’intérieur d’une faible superficie.

Le Merlebleu de l’Est est le plus sélectif. Il préfère les nichoirs placés loin des habitations et de l’activité humaine. La lisière d’une forêt faisant face à un milieu ouvert, la bordure d’une prairie ou d’un champ avec de grands arbustes ou des chicots à proximité pouvant servir de perchoirs, sont des sites idéals pour l’attirer.

D’autres espèces peuvent bénéficier de la présence de nichoirs artificiels. Il suffit de les construire en respectant les dimensions appropriées pour chaque espèce et de les placer dans leurs habitats respectifs. Des espèces aquatiques comme le Harle couronné et le Canard branchu acceptent volontiers un nichoir placé dans un marécage ou en bordure de l’eau. Quelques Strigidés comme le Petit-duc maculé, la Chouette rayée et la Petite Nyctale peuvent utiliser un nichoir plus rustique que l’on fixe à un gros arbre dans leur habitat.

Quelques conseils
  • Ne pas installer de perchoir à l’entrée des nichoirs car il attire d’autres espèces d’oiseaux pouvant devenir indésirables comme les moineaux.
  • Aucun vernis ou peinture n’est nécessaire. On obtient aussi de bons résultats en utilisant des matériaux naturels comme des planches de pin rustiques non écorcées ou des croûtes de bois mou comme l’épinette ou le thuya.
  • On peut ajouter une couche de copeaux de bois à l’intérieur des nichoirs de certaines espèces.

Installation

Après avoir sélectionné le nichoir approprié, il faut maintenant déterminer l’endroit le plus propice pour son installation. Règle générale, les nichoirs des espèces les plus familières dans notre jardin sont installés à une hauteur d’à peu près 1,8 m avec l’ouverture orientée sud, sud-est dans la mesure du possible. La distance entre chacun peut varier en fonction du milieu.

Voici quelques conseils :

  • Installer les nichoirs loin des arbres et de toute autre plante ou structure d’où les prédateurs peuvent s’élancer pour atteindre la nichée.
  • Au besoin, installer un toit qui surplombe l’entrée d’au moins 12,5 cm (5 po) pour déjouer les prédateurs qui réussiraient à sauter sur le toit.
  • Utiliser un tuteur de métal pour installer les nichoirs à la hauteur adéquate selon l’espèce d’oiseau visée en consultant les références.
  • Ajouter un dispositif anti-prédateur sous le nichoir pour décourager les écureuils, ratons laveurs et autres indésirables.
  • Si le nichoir doit être posé contre un arbre, utiliser un accessoire pour allonger le « couloir » de l’entrée.
  • Pour le Merlebleu, les nichoirs sont installés par paires sur un poteau afin d’éviter la compétition avec l’Hirondelle bicolore plus agressive, qui utilise les mêmes nichoirs, mais qui défend son lieu de nidification uniquement contre les individus de sa propre espèce.
  • Prévoir des perchoirs sur le terrain: grands arbustes ou poteaux, d’où les oiseaux peuvent faire le guet pour attraper les insectes dont ils se nourrissent.
  • Offrir des matériaux pour le nid (poils d’animaux) dans un filet ou un présentoir.
Nichoirs - prédateurs
© Mark Teachey

Indésirables et prédateurs

Les nichoirs peuvent attirer des prédateurs terrestres et ailés, il est donc important de s’assurer que le type d’installation ne facilite pas leur accès au nid et ne crée pas un piège pour les oiseaux qui s’y trouvent. Il existe plusieurs moyens de réduire la prédation dans les nichoirs. Voici les modèles de systèmes anti-prédateurs les plus courants et efficaces.

Le cylindre ou conduit fixé sous le poteau est l’accessoire le plus courant disponible sur le marché. C’est un moyen de défense efficace contre les ratons laveurs, les chats, les rats, les écureuils, les belettes et les serpents, qui peuvent grimper pour atteindre le nichoir. On l’enfile sur le poteau avant d’installer le nichoir et on le retient en place par un collet. Il est facile de le fabriquer avec un tuyau de cheminée en acier galvanisé ou un tuyau de plomberie en PVC résistant, d’au moins 15 cm de diamètre et 75 cm de longueur.

Le cône en plastique ou en métal qui se fixe sous le nichoir est disponible en différentes grandeurs. Un cône de 60 cm de diamètre peut être fixé sur un poteau métallique de 2,5 cm (1 pouce) de diamètre. Autour d’un arbre ou autour d’un poteau de bois de 10 x 10 cm (4 x 4 pouces), on choisira de préférence un modèle d’au moins 90 cm de diamètre. Le cône est facile à fabriquer à partir d’une feuille d’aluminium. Pratique, il peut être fixé sous un nichoir déjà en place et sera infranchissable pour les prédateurs terrestres.

Différents accessoires peuvent aussi être ajoutés à l’ouverture du nichoir pour créer un couloir à l’entrée et limiter l’accès des petits mammifères comme l’écureuil, la belette et le raton laveur, ainsi que de certains oiseaux de proie. Le plus simple est d’ajouter par-dessus l’ouverture une pièce de bois carrée de 10 x 10 cm et de 2,5 cm d’épaisseur percée d’un trou central d’un diamètre égal à celui de l’entrée.

Entretien

Il s’avère important de ne pas déranger les oiseaux durant la nidification afin d’éviter tout risque d’abandon du nid. On peut toutefois faire l’observation des nichoirs à l’aide de jumelles afin de nous permettre de vérifier la présence de couples nicheurs.

L’inspection des nichoirs doit se faire au moins une fois par an. Idéalement, le nettoyage et la réparation de ceux-ci s’effectuent à la fin de l’hiver ou très tôt au printemps avant l’arrivée des oiseaux. Il faut s’assurer de retirer toute accumulation de matériaux et de bien nettoyer. Certains vont saupoudrer l’intérieur du nid avec de la terre de diatomée pour protéger les oiseaux des parasites.

Il est aussi possible de retirer les nichoirs à chaque automne et de les replacer au printemps suivant afin d’éviter les visiteurs indésirables. En effet il arrive que de petits mammifères comme les souris ou les polatouches utilisent les nichoirs comme quartiers d’hiver et les remplissent de brindilles et autres matériaux de toutes sortes.

Nichoirs - entretien
Accumulation de matériaux dans un nichoir, © Thalie Désaulniers

En savoir plus

Plusieurs articles sur les nichoirs ont été publiés dans la chronique de Camille Dufresne « Côté cour, côté jardin », disponible en ligne aux abonnés du magazine QuébecOiseaux. En voici quelques-uns : 

Autres ressources

  • Brûlotte, Suzanne (2008) Observer les oiseaux avec les enfants, Broquet

  • Brûlotte, Suzanne et Gilles Lacroix (2010) Le grand livre pour attirer les oiseaux chez soi, Broquet

  • Nestbox builder (en anglais)

  • NestWatch de l'Université Cornell (en anglais)