 
            Chaque année, le Cornell Lab of Ornithology met à jour la liste eBird/Clements, qui est utilisée dans tous ses projets dont eBird, Merlin, Birds of the World et la médiathèque Macaulay. Les révisions s’appuient sur les plus récentes recherches scientifiques, et les espèces sont séparées ou regroupées en fonction des nouvelles données disponibles. Cette année, trois espèces observées au Québec sont concernées.
Courlis corlieu
On retrouve le Courlis corlieu sur presque tous les continents. L’espèce est désormais séparée en deux pour distinguer le Courlis corlieu (Numenius phaeopus), qui regroupe trois sous-espèces à croupion blanc d’Europe et d’Asie, et le Courlis hudsonien (Numenicus hudsonicus), à croupion brun, observé en Amérique. Les deux espèces avaient déjà été reconnues séparément dans d’autres taxonomies, dont l’IOC World Bird List; ce changement n’est donc pas une grande surprise. Leurs aires de répartition sont bien distinctes, et sur eBird, les observations américaines seront automatiquement assignées au Courlis hudsonien. Ce sera peut-être l’occasion de revisiter vos photos de courlis et porter une attention particulière à la couleur du croupion!
Sur le plan de la nomenclature française, le nom Courlis hudsonien correspond à l’appellation déjà employée lors de la dernière reconnaissance de cette espèce comme entité distincte (Taverner, 1934). La localité type du taxon se situe précisément dans la baie d’Hudson, ce qui explique à la fois le nom scientifique (Numenius hudsonicus) et l’appellation anglaise (Hudsonian Whimbrel). Le maintien du nom traditionnel reflète donc la continuité historique et la cohérence entre les langues et les systèmes taxonomiques.
Viréo mélodieux
Un autre changement attendu : le Viréo mélodieux devient deux espèces, séparées par les Rocheuses. Le Viréo mélodieux (Vireo gilvus), qui niche au Québec et fréquente une grande variété d’habitats à l’est des Prairies, conserve son nom. Son cousin de l’ouest (Vireo swainsoni), plus typique des forêts riveraines en altitude, devient le Viréo de Swainson. Les deux espèces diffèrent aussi par leur chant, qui se termine avec une note finale plus aiguë chez notre Viréo mélodieux, alors que le chant du Viréo de Swainson est plus en dents de scie, sans note finale appuyée.
Le nom français de l’espèce nominale a suscité maintes discussions au sein du Comité de révision des noms français des oiseaux. Plusieurs arguments ont été avancés pour conserver le nom Viréo de Swainson, déjà utilisé par la Commission internationale des noms français des oiseaux (CINFO, 1993) et répertorié dans les principales bases terminologiques (OQLF, Termium, Avibase). Ce nom est bien ancré dans la littérature francophone et correspond directement au nom scientifique Vireo swainsoni. Il s’inscrit dans la tradition consistant à reprendre, en français, le nom spécifique latin, comme c’est le cas pour la Buse de Swainson (Buteo swainsoni).
Des membres du comité ont néanmoins soulevé la possibilité d’un nom descriptif non anthroponymique, comme Viréo des collines ou Viréo des hauts-plateaux. Ces suggestions visaient à refléter davantage l’habitat et à s’inscrire dans une approche plus récente de dénomination. Pour cette première mise à jour, la majorité des membres a toutefois privilégié le maintien du nom existant, considérant qu’il est déjà largement compris, stable et cohérent avec l’usage historique.
Paruline jaune
La Paruline jaune que nous connaissons bien (Setophaga aestiva), familière et abondante au Canada et aux États-Unis, est désormais distincte de la Paruline des mangroves (Setophaga petechia), qu’on retrouve dans les mangroves du Mexique, des Caraïbes et d’Amérique du Sud, Les deux noms français étaient déjà largement utilisés et correspondent aux appellations scientifiques reconnues. Hors des mangroves, vous ne risquez pas de la voir, mais si vous êtes dans le bon habitat, cherchez les individus qui ont une teinte rousse sur la tête et un comportement territorial.
Un processus en évolution
Le Comité de révision des noms français des oiseaux, coordonné par QuébecOiseaux et Oiseaux Canada, a réalisé un premier exercice d’harmonisation à la suite de cette mise à jour taxonomique. Ce travail se poursuivra dans les prochains mois afin de consolider la cohérence des choix et de préciser certaines décisions, dans un souci de rigueur scientifique et de stabilité des noms.
La mise à jour de la base de données d’eBird est en cours et vos observations seront automatiquement assignées à la bonne espèce dans les prochains jours. Pour en savoir plus sur ces changements et sur le processus global, visitez la section des nouvelles sur le site d’eBird.
Photo : Paruline jaune © Michèle Daoust

 
			
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