Choisir sa mangeoire

Par Camille Dufresne

 

Plusieurs diront qu’il est très simple d’attirer les oiseaux dans sa cour. Quelques graines répandues sur un plateau et le tour est joué! Il est vrai que ce type de mangeoire expose la nourriture bien à la vue et accueille des oiseaux en grand nombre, mais là s’arrêtent ses avantages. Il faut assurer un suivi journalier afin de renouveler les graines exposées à la pluie, au vent et à la neige, et il faut également pouvoir garder écureuils, ratons et autres indésirables à distance.

Voici quelques critères pour choisir des mangeoires pouvant répondre efficacement aux besoins des oiseaux, tout en offrant une durabilité qui défiera les années.

Choisir sa mangeoire
Cardinal rouge, © Marcel Gauthier

Les critères de base

Durabilité et résistance aux intempéries

Que les mangeoires soient faites de métal, de bois ou de plastique, il faut avant tout rechercher des produits de qualité et de construction simple, qui offrent aux oiseaux un accès facile et permettent un envol rapide en cas d’urgence.

La mangeoire en plastique est généralement peu dispendieuse et se décline en plusieurs modèles. Elle convient cependant davantage à la belle saison, car elle peut se fendiller sous l’effet du froid. Les produits de piètre qualité peuvent aussi se décolorer et devenir secs et cassants lorsqu’exposés au soleil. La mangeoire en plastique est facilement prise d’assaut par l’écureuil et le raton laveur, qui en grugent les orifices pour accéder à la nourriture. Sa durée de vie est limitée et elle doit être remplacée souvent.

Les mangeoires en bois sont recherchées pour leur aspect rustique et naturel. Elles sont habituellement solides mais leur surface poreuse est difficile à nettoyer, car elles exigent un entretien régulier pour prévenir les bactéries pathogènes et les moisissures, surtout durant la saison estivale. Les modèles décoratifs, parfois très coûteux, sont conçus en premier lieu pour plaire aux consommateurs. Ils sont à éviter, surtout s’ils sont fabriqués de contreplaqué ou de bois pressé, des matériaux qui ne supportent pas les intempéries.

Les mangeoires les plus durables sont souvent fabriquées de métal en combinaison avec du plastique. On reconnaît un modèle de qualité quand le métal utilisé est recouvert d’une peinture antirouille ou est laqué à l’époxy. Le compartiment à graines est fabriqué de polycarbonate transparent résistant aux rayons du soleil. Si les pièces de métal sont de piètre qualité, elles rouilleront après quelques semaines sous la pluie et le plastique risque de se briser sous l’effet du froid.

Réserve de nourriture

Il est important de privilégier les mangeoires qui ont une réserve de graines afin d’assurer un approvisionnement suffisant lors des grands froids et des tempêtes, ou lorsqu’on doit s’absenter. Le récipient doit être étanche pour conserver les graines bien au sec, à l’abri de la pluie qui les rend impropres à la consommation. La mangeoire doit en outre être dotée d’un toit assez large qui protège des intempéries et de rebords qui permettent à l’eau de s’égoutter.

Facilité d’entretien

Les mangeoires qui ont un taux de fréquentation élevé doivent être nettoyées et désinfectées régulièrement avec de l’eau de Javel. Cette recommandation est d’autant plus importante si vous offrez de la nourriture durant l’été. Les fientes des oiseaux et les détritus humides qui s’accumulent sur les plateaux peuvent entraîner la prolifération de bactéries pathogènes et de moisissures.

Il faut vérifier si la mangeoire se nettoie aisément à l’aide d’une brosse à bouteilles. Sinon, il vaut mieux privilégier les modèles dont les composantes peuvent se séparer en diverses parties.

Les différents modèles

La mangeoire plateau

Cette plate-forme sans toit a l’avantage de mettre la nourriture bien en évidence. C’est un modèle adéquat pour attirer les oiseaux à un nouveau site d’alimentation. Les dimensions peuvent être variables, mais on suggère une surface d’au moins 20 cm sur 30 cm. Ce modèle de mangeoire très élémentaire demande cependant un entretien régulier car la nourriture n’est pas à l’abri des intempéries et la pluie la rend vite impropre à la consommation. Il est recommandé de percer quelques trous dans le fond pour permettre l’écoulement de l’eau.

Le plateau devient plus intéressant si on lui ajoute un toit. Il faut poser le toit à une hauteur d’au moins 20 cm si on souhaite accueillir de plus gros oiseaux comme le Geai bleu. Son inconvénient est d’exiger une certaine assiduité, car il faut généralement ajouter de la nourriture à tous les jours. L’hiver, il faudra aussi dégager la mangeoire après chaque chute de neige. On la fixe habituellement au bout d’un poteau auquel on ajoute un cône de métal ou de plastique «pare-écureuils» pour éviter de nourrir tous les écureuils et ratons laveurs du quartier.

Les espèces sédentaires comme la Mésange à tête noire, la Tourterelle triste et le Cardinal rouge deviendront vos visiteurs les plus assidus. Les Gros-becs errants, Durbecs des sapins, Bruants hudsoniens, Sizerins flammés et Juncos ardoisés, qui se déplacent en groupes plus ou moins abondants selon les hivers, découvriront rapidement cette manne s’ils séjournent dans votre région.

La mangeoire plateau
Mésange à tête noire sur mangeoire à plateau, © Camille Dufresne
La mangeoire à débit contrôlé

Ce type de mangeoire se distingue comme étant le plus fonctionnel, à cause de son contenant où les graines restent bien au sec et s’écoulent petit à petit par un espace aménagé au bas, sur un plateau. Les parois doivent être transparentes pour exposer la nourriture bien en vue et permettre de vérifier facilement la quantité restante.

Si la mangeoire est de bonne dimension, elle peut accueillir les espèces de grande taille comme le Geai bleu, le Cardinal rouge et la Tourterelle triste. Une mangeoire aux rebords étroits sera exclusive aux petits oiseaux comme le Sizerin flammé, le Roselin pourpré, les sittelles et les mésanges.

Mangeoire à débit contrôlé
Mangeoire à débit contrôlé, © Camille Dufresne
Les mangeoires silo et à bascule

La mangeoire silo comprend un récipient avec des ouvertures étagées et des perchoirs. Elle est très populaire car on peut choisir parmi de nombreux modèles adaptés à des espèces particulières et à différents types de graines. Il faut cependant éviter les modèles à bas prix, très peu résistants aux conditions hivernales. Ce type de silo est fréquenté notamment par les chardonnerets, les sizerins, les roselins, les mésanges et les sittelles.

La mangeoire à bascule est l’ultime stratagème pour les ornithologues qui sont aux prises avec des écureuils, mais attention aux mécanismes compliqués qui souvent ne fonctionnent pas. Le modèle illustré n’a pas encore été déjoué par les écureuils après quelques années d’utilisation. Il est pourvu d’un mécanisme original qui bascule le boîtier au complet et ferme automatiquement l’accès si un oiseau trop lourd ou un gros rongeur tente d’atteindre la nourriture.

Mangeoires silo
Mésange à tête noire sur une mangeoire silo, © Michel Pilon
Nourrir au sol

Junco ardoisé, © Camille Dufresne

 

Nourrir au sol

Plusieurs espèces d’oiseaux dont les Bruants à gorge blanche, chanteur, à couronne blanche et fauve, le Junco ardoisé, les Sizerins flammé et blanchâtre et le Bruant des neiges se nourrissent au sol. Que faire pour les attirer?

La plupart du temps, ces derniers profitent des restes de graines tombées des mangeoires. Il est possible de leur fournir une nourriture adéquate en construisant un plateau déposé sur la neige compactée. Pour ce faire, vous pouvez réutiliser une moustiquaire de fenêtre. Après chaque chute de neige, il faut renverser la moustiquaire sur le sol. De cette façon, les graines qui restent se retrouvent sur la neige et on peut remettre des graines fraîches sur le plateau. Lorsque l’accumulation de neige est importante, on peut aussi surélever le plateau en lui ajoutant des pattes aux quatre coins. 

Cette installation n’est pas recommandée cependant lorsque des chats habitent le voisinage. Ceux-ci sont des experts dans l’art de s’embusquer pour mieux surprendre les oiseaux qui viennent se nourrir au sol.

En savoir plus

Plusieurs articles sur les mangeoires ont été publiés dans la chronique de Camille Dufresne « Côté cour, côté jardin », disponible en ligne aux abonnés du magazine QuébecOiseaux. En voici quelques-uns : 

Autres ressources

  • Projet FeederWatch mis en place par l’Université Cornell et Oiseaux Canada
  • Gilles Lacroix (2014). Mangeoires et nichoirs pour attirer les oiseaux, Broquet