Les guides d'identification, ces indispensables

Par Gaétan Duquette

 

La publication en 1934 de A Field Guide to the Birds a ouvert la porte à l’ornithologie telle qu’on la pratique aujourd’hui. En plaçant les oiseaux dans des postures semblables, sur un fond gris pâle, et en indiquant par des flèches les traits à remarquer, Roger Tory Peterson a été à l’origine des nombreux guides d’identification actuels.

Pour l’anecdote, les copies de la première impression qui se vendaient 2,75 $ US à l’époque valent maintenant 4 000 $ US.

Un guide avec dessins ou avec photos?

Les guides avec dessins

Les guides avec dessins présentent des oiseaux observés dans les meilleures conditions possibles. Les sujets sont généralement de bonne taille, dessinés dans des postures semblables et à la même échelle sur chaque page, ce qui facilite grandement la comparaison entre espèces. Souvent inspirées des spécimens de musées, les illustrations sont précises, et l’artiste a pu mettre en évidence certains traits caractéristiques. Alors que des guides comme le Peterson, le Sibley et le Paquin-Caron donnent la vision d’un seul illustrateur, celui de la National Geographic Society a demandé la collaboration de 21 artistes aux styles assez différents.

 
Les guides avec photos

Les guides avec photos ont l’avantage de présenter ce que l’on peut réellement voir sur le terrain. Malheureusement, ces instantanés manquent parfois de clarté ou de finesse et, occasionnellement, un détail sans intérêt prend trop d’importance ou un critère utile est masqué. Il arrive que les photos secondaires soient trop petites, et il est quelquefois difficile d’obtenir la photo du bon plumage ou celle d’un oiseau en vol. Toutefois, les choses s’améliorent très rapidement, et certains nouveaux guides comme Britain’s Birds et Europe’s Birds sont absolument étonnants. Les photos retouchées, montées et scénarisées donnent des résultats spectaculaires.

 

Un guide qui répond à vos besoins

L’intérêt des gens pour les oiseaux est très variable selon chacun et il vaut mieux trouver le guide qui vous convient. Feuilletez-le en librairie pour mieux évaluer sa taille et son poids. Essayez d’y trouver quelques espèces que vous connaissez bien. Ce que l’on dit sur elles vous satisfait-il?

Au début, vous aurez plus de facilité à vous initier avec un guide s’il comporte moins d’espèces. Jean Paquin a publié un livre sur les oiseaux aux mangeoires, et plusieurs ouvrages de Suzanne Brûlotte s’adressent aux débutants.

Quand la passion grandit, tous les oiseaux du Québec deviennent potentiellement intéressants pour l’observateur intermédiaire, qui doit élargir passablement son rayon d’action. Heureusement, au moins six guides en français couvrent le Québec, voire l’est de l’Amérique du Nord. Parfois, il sera quand même utile que ce guide donne également le nom des oiseaux en anglais.

Les experts exigeront des guides permettant d’identifier les oiseaux rares en provenance de toute l’Amérique du Nord, voire de plus loin. Ces guides sont presque tous en anglais. Ils pourront aussi approfondir leurs connaissances avec des guides spécialisés dans des groupes particuliers comme les goélands, les bécasseaux, les bruants, etc. Et certains passionnés, non satisfaits avec les oiseaux d’ici, voyageront pour en observer d’autres, ce qui leur permettra, à l’étranger, de redevenir débutants.

Les recommandations de Gaétan Duquette

Guides d'identification - Pour les débutants
Pour les débutants

Le guide d'initiation aux oiseaux du Québec de Suzanne Brûlotte est un très bon choix pour les débutants. Le livre réunit plusieurs des qualités d’un bon guide d’initiation : une longue introduction bien adaptée, des photos claires et assez grandes, des traits et du texte qui signalent les caractéristiques à observer, des onomatopées simples pour le chant, une trentaine de pictogrammes et de descriptions utiles, ce qui devrait permettre de passer à un niveau supérieur. Toutefois, même si le livre est récent, les cartes ne sont pas tout à fait à jour.

Guides d'identification - Paquin Caron
Pour les intermédiaires

Le guide de Jean Paquin est aussi un bon choix pour ceux qui préfèrent un guide avec photos. Malgré le décès prématuré de l’auteur, l’ouvrage est le guide le plus à jour au Québec, tant pour les noms français, anglais et latins, la séquence des familles et la justesse des cartes de répartition, grâce au travail de Michel Lebœuf. Quatre photos illustrent chacune des 334 espèces. De courtes rubriques portent sur l’identification, le vol, la voix, l’habitat et la nidification.

À ce titre, Le Guide Paquin-Caron des oiseaux du Québec et des Maritimes (2011) peut permettre d’en apprendre beaucoup plus sur nos oiseaux puisque la moitié de l’ouvrage est consacré à leur répartition, leur alimentation et leur nidification. Ghislain Caron fait partie des rares dessinateurs qui ont illustré seuls et avec un très grand talent un guide ornithologique en entier. 

Guides d'identification - pour les experts
Pour les experts

L’ornithologie est avant tout une science et les deux guides de Sibley le démontrent pleinement. Celui en français couvre la moitié du continent, mais la deuxième édition en anglais (The Sibley Guide to Birds, second edition, 2014) est beaucoup plus complète. Elle regroupe 931 espèces (dont 53 exotiques) et quelque 7000 illustrations. Appelé familièrement « Le gros Sibley », il s’agit de 1,3 kg de connaissances de tous les oiseaux de l’Amérique du Nord, incluant les espèces les plus rares. Plusieurs originalités démarquent ce guide des autres :

  • la comparaison entre espèces se fait côte à côte, avec seulement trois ou quatre par double page;
  • toutes les espèces sont représentées en vol;
  • au début de chaque famille, toutes les femelles sont regroupées ensemble, à la même échelle.

Le format plus large permet une présentation aérée et facile à consulter. Sur le terrain toutefois, il vaudra mieux le remplacer par son application mobile.  

Une fois le guide acheté

Avant de reconnaître un oiseau, il faut d’abord le connaître. Les heures passées à étudier un guide à la maison vous apparaîtront comme un bon investissement quand l’espèce espérée se présentera devant vos yeux.

Dans un bon guide, l’introduction devrait en apprendre beaucoup au débutant. Il devrait y trouver les connaissances nécessaires pour faciliter ses identifications. Trop de gens négligent cette partie importante, un peu comme ceux qui ne lisent jamais les modes d’emploi. En général, plus l’introduction est longue, plus elle sera utile.

Les maisons d’édition rééditent régulièrement leurs guides. La plupart du temps, les changements sont mineurs (quelques nouveaux noms d’oiseaux), et il sera souvent préférable d’acheter un guide différent (par ex. avec photos si avec dessins) plutôt que la dernière édition de celui que l’on a déjà.

De plus en plus de gens laissent leur guide à la maison et utilisent des applications mobiles comme guides sur le terrain. Merlin, Sibley ou iBird permettent de cibler seulement les oiseaux de la région où l’on se trouve et d’écouter les chants correspondants. 

 

 

À propos de l'auteur

Gaétan Duquette collabore au magazine QuébecOiseaux depuis le premier numéro, à l'automne 1989. La chronique « Publications », qu'il signe encore aujourd'hui, s'appelait alors « Des oiseaux et des livres », titre qui résumait bien deux de ses grandes passions. Intéressé par les voyages et les oiseaux du monde, il a rédigé la chronique « Records d'ici et d'ailleurs » durant plus de quatre ans.